Instruments

LE PIANO-FORTE CARRÉ DE JOHANNES BÄTZ (1789)

squarepiano

Le piano-forte carré fut construit par Johannes Bätz en 1789. De ce facteur de Frankfurt-am-Main, nous n’avons que très peu de renseignements ; cet instrument est le seul connu de son atelier. Le fond du piano, sous la table d’harmonie, porte l’inscription au crayon « Johannes Bätz Frankfurth am Mayn im Marz 1789 ». Ce piano est resté dans la même famille française depuis au moins le début du 19e siècle, et fut vraisemblablement commandé par elle, ce qui explique le clavier en ivoire (plutôt qu’en ébène) et l’ébénisterie particulièrement raffinée. Cet instrument possède une sonorité ronde et plastique, capable d’exprimer des sentiments musicaux profonds. Il est doté de quatre genouillères, deux qui actionnent la ‘pédale’ forte (une genouillère correspond à la partie du clavier au-dessus du do central, l’autre à la partie en dessous de cette note), et deux qui actionnent de la même manière le jeu ‘de luth’ ou ‘jeu céleste’. L’instrument fut restauré dans l’atelier de Christopher Clarke en 1991.

C. Clarke

LE CLAVICORDE D’APRES HUBERT (1772)

clavichord

Le clavicorde non-lié (une paire de cordes correspond à chaque touche) a été construit en 1999 par Thomas Steiner à Bâle en Suisse d’après un instrument de Christian Gottlob Hubert, daté de 1772, qui se trouve aujourd’hui dans la collection d’instruments à clavier historiques Neumeyer à Bad Krozingen en Allemagne.

Christian Gottlob Hubert est né en 1714 à Fraustadt en Pologne (aujourd’hui Wschowa). En 1740 il se rend à Bayreuth en tant que facteur d’orgues et d’instruments au service du Margrave, Prince de Bayreuth. Il suit la cour lors de son transfert à Ansbach en 1769 et y reste jusqu’à la fin de sa vie. En 1786, l’historien Johann Georg Meusel écrit dans son journal Miscellaneen artistischen Inhalts: «De passage à Ansbach, le voyageur avisé s’efforcera de rendre visite à Hubert, l’illustre facteur d’instruments. Il est renommé loin à la ronde pour ses clavicordes solides et ses piano-forte. Tous ont une sonorité particulièrement belle. Hubert a toujours à portée de la main différents exemples de son travail; chaque instrument peut s’enorgueillir d’un motif spécial et de la construction la plus ingénieuse […] C’est un très petit homme, au caractère tranquille et noble, bien que plutôt entêté et fougueux, et son travail est accompli avec une extraordinaire précision». Hubert est mort à Ansbach en 1793.

Les instruments de Hubert qui subsistent justifient l’opinion favorable de Meusel. Dix-neuf clavicordes sont signés de Hubert ou peuvent clairement être attribué à son atelier. Trois d’entre eux sont du type dit «non-liés» : ils datent de 1771, 1772 et 177(9). Ils ont en commun une caisse relativement petite, une bande de cordes étroite et des leviers de touches courts, avec des tangentes frappant les cordes près de leurs points d’attache. En conséquence, étant donné que les touches rencontrent un point d’arrêt ferme au moment de la production du son, l’interprète peut avoir un contrôle précis du toucher. Ces clavicordes répondent aux plus subtiles variations de toucher et permettent une très grande gamme de nuances dynamiques, ainsi qu’une grande variété de couleurs.

Thomas Steiner